I want it that way

J'avais été d'une humeur de merde. Toute le semaine. A vrai dire j'étais d'une humeur de merde depuis plus longtemps que ça même si j'essayais de garder pour moi cette mauvaise humeur. Les soirs où Kenneth sortait pour s'encanailler selon notre règle hebdomadaire, je restais à l'appart à ruminer des idées noires. Les autres soirs, je restais tard au stade, m’entraînant plus que nécessaire mais au moins, l'exercice physique me permettait de me vider l'esprit.

Il n'y avait guère que depuis l'arrivée de Theo chez nous que j'essayais de rentrer plus tot. Nous avions mis quelques jours à nous apprivoiser et même si je restais sur mes gardes quand à la bombe à retardement que je le soupçonnais d’être, je devais avouer que j'aimais plutot bien le gamin. Je m'étais rapidement habitué à ce qu'il m'appelle Papa et j'adorais lui apprendre à jouer au foot. Et c'était quelque chose rien qu'à nous, qu'il ne partageait pas avec Kenneth. Et ces derniers temps c'était exactement ce dont j'avais besoin.


Seulement je devais être honnête et reconnaître que Kenneth n'était pas responsable de ma mauvaise humeur et qu'il me manquait. Le tenir à distance me punissait plus qu'autre chose et j'avais vraiment envie de retrouver les premiers émois des débuts de notre relation. J'avais donc passé la journée à organiser une soirée que j’espérais plus que romantique. J'avais prévenu Theo de ne pas nous attendre ce soir là, envoyé un sms à Kenneth pour lui dire de me réserver sa soirée et j'étais allé l'attendre à la sortie de ses cours. Appuyé contre ma voiture (un coupé Mercedes noir que j'adorais) vêtu d'un jean et d'une chemise noire, un bouquet de fleurs à la main, j'attendais que mon amoureux sorte de l'école. Ca faisait un bail que je n'étais pas venu le chercher à l'école et j’espérais que la surprise lui ferait plaisir.

Il était magnifique. Comme toujours. Même apres une longue journée de boulot. Même apres 14 ans à le contempler presque tous les jours. J'étais toujours aussi amoureux de Kenneth. Je souris quand il sorti de l'école et le redressais pour lui offrir les fleurs. Je répondis à son baiser avec plaisir et en le serrant contre moi. Au début de ma carrière, quand j'avais commencé à me faire un nom, je m'étais fait discret sur ma relation avec Kenny. Un agent m'avait même conseillé de m'afficher avec des filles, les "tapettes" n'étant pas vraiment appréciée dans ce milieu et j'avais fait l'erreur de l'écouter. J'avais faillit le perdre. Depuis que ma carrière était vraiment lancée, j'avais fait mon coming out et vu que j'étais avec le même garçon depuis aussi longtemps maintenant, mes coéquipiers avaient fini par comprendre que je n'allais pas les reluquer sous la douche ou leur sauter dessus au détour d'un vestiaire. Biensur, j'avais parfois droit à quelques réflexions mais il y avait longtemps que je ne me genait plus pour embrasser Kenneth ou bon me semblait.|/i]


"C'est le but Monsieur Andrews.. et la soirée ne fait que commencer. Comment vas tu?"


Je caressais ses cheveux avant de l'embrasser une dernière fois et de lui ouvrir la portière de la voiture. Une fois dedans, je démarrais,sentant le moteur s'emballer doucement et prit la direction de Broadway.

Je venais à peine de démarrer quand Kenneth se tourna pour récupérer sa chemise de rechange sur la banquette arrière. J'adorais sa façon de s'habiller pour aller bosser, ce n'était pas le problème mais pour ce que j'avais prévu ce soir, il lui fallait quelque chose d'un peu plus habillé. Je connaissais depuis longtemps la manie de mon amant de noter les dates importantes sur les manches de ses chemises et je n'avais pas mis longtemps à retrouver celle qu'il était en train d'enfiler. Je profitais d'un feu rouge pour mater sans aucune gene le torse nu de Kenneth. Comme toujours il me faisait toujours autant d'effet et je gigotais un peu sur mon siège pour refouler un début d'erection.
On avait déjà essayé de faire l'amour dans la Mercedes mais il s'était avéré que la voiture était trop petite pour qu'on y soit vraiment à l'aise et on avait du renoncer. Je savais donc que j'allais devoir attendre encore un peu avant de pouvoir sauter sur Kenneth.

Nous faisions toujours autant l'amour malgré ma mauvaise humeur. Meme si je lui en voulais, j'étais toujours autant attiré par lui et incapable de lui résister.

Je souris à sa remarque avant de prendre la direction d'un parking privé.


"C'est dommage, j'aime bien quand tu te balade à moitié à poil dans l'appart... mais tu as raison, on va éviter de le traumatiser."


J'aurai du profiter de ce moment pour parler de Théo avec Kenneth, nous avions des choses à voir concernant notre fils. La plupart du temps tout se passait bien avec lui mais j'avais comme l'impression que le feu couvait sous la cendre. Je savais cependant que le sujet était sensible et n'avais pas envie de me prendre la tete avec Kenneth. Non, ce soir c'était notre soirée. Rien qu'à nous deux. Et j'avais bien l'intention d'en profiter

Je garais la voiture et me tournais vers Kenneth qui avait presque terminer de boutonner sa chemise. Je me penchais pour fermer le dernier bouton et en profitais pour l'attirer vers moi et l'embrasser tendrement.  Je devais avouer qu'il m'avait manqué. Meme si je savais que c'était entièrement ma faute. Cependant, avec l'arrivée de Théo, j'avais l'impression qu'il ne s'était pas rendu compte que je m'étais éloigné et parfois je me disais que c'était encore pire.

Jusque là, nous avions toujours réussit à maintenir un équilibre dans notre couple. Il y avait des périodes ou nous étions fusionnels, jamais l'un sans l'autre, toujours à se toucher, à s'embrasser. Alors qu'à d'autre moment, nous avions besoin d'indépendance, de moment seuls, de sortis dans nos cercles d'amis respectifs.

En général, on se racontait nos coucheries, nous ne nous cachions pas grand chose et même si ces dernières semaines je n'allais plus voir ailleurs, Kenneth n'en avait pas encore fait cas. Mais ce soir, il était à moi et je savourais le contact de ses lèvres sur les miennes.



"Dans notre chambre, c'est entièrement nu que je te veux..."


Je l'embrassais encore une fois avant de le relâcher et de sortir de la voiture; J'attendis qu'il me rejoigne pour verrouiller la Mercedes et rejoindre Kenneth avant de lui prendre la main pour l’entraîner vers un des nombreux théâtres du quartier.

C'était peut être un geste simple pour la plupart des couples, mais il y avait eu une période ou ce simple geste m'était difficile. J'étais passé pro peu de temps après le début de notre relation et si c'était évident et facile pour lui de s'afficher avec un homme, je savais que ce n'était pas très bien perçu dans le milieu du foot américain. J'avais du attendre d’être reconnu pour mes qualités sur le terrain avant de pouvoir faire mon coming out officiel. Et cette période avait été difficile pour nous deux. Mais maintenant, j'étais libre de m'afficher avec l'homme que j'aimais sans craindre pour ma carrière. Et je devais reconnaître qu'être une star du foot avait certains avantages. Comme celui d'offrir à Kenneth des places pour son spectacle préféré qui était rejoué à Broadway ce soir. Je me tournais vers lui alors que nous arrivions devant le théâtre. La tête d'affiche était claire et il savait maintenant quelle était la surprise que je lui avais réservée.

Je poussais un soupir de soulagement meme si,avouons le, j'étais sur de mon coup à 99%. 14 ans. 14 ans que Kenneth était dans ma vie et malgré les hauts et les bas de notre relation, je le connaissais presque mieux que je ne me connaissais moi même. Je le laissais m'embrasser, parce que j'adorais ça. Et qu'il y avait un temps où je ne pouvais pas le laisser faire et que même s'il avait plutôt bien vécu cette période de notre relation, ce n'était pas mon cas et je m'en voulais encore souvent pour ça.

Et voilà maintenant que je venais ajouter à la liste des choses que j'avais à me reprocher ma mauvaise humeur de ces derniers temps. Kenneth l'avait remarqué. Une fois de plus je devais avouer que ce n'était pas parce qu'il ne disait rien qu'il ne voyait pas les choses. Il me connaissait. Autant que je le connaissais et l'arrivée de Theo ne l'avait pas distrait autant que je le pensais. Je secouais à la tete à sa remarque. Je savais qu'il fallait que je lui parle, que je lui dise ce que j'avais sur le coeur, mais je n'étais pas pret. Pas encore. Et surtout pas ce soir.



"Viens, allons profiter du spectacle."


Je l’entraînais vers le théâtre où on nous guida jusqu'à nos places (parmi les meilleures) Pendant tout le spectacle, j'eu un mal  fou à détacher mes yeux de l'homme assit à mes cotés  qui lui savourait le spectacle comme un gamin qu'on aurai amené au cirque. Je fini par me détendre et apprécier le show à mon tour. Une fois le spectacle terminé, nous rejoignîmes le restaurant où j'avais réservé une table.